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Dans l'atelier où le temps semble soudainement suspendu, Cécile s'installe, prête à offrir sa silhouette à l'éternité minérale, acceptant de devenir le point focal d'une expérience artistique intense orchestrée par JAYM. Ce qui frappe immédiatement sur les clichés documentant cette séance, c'est l'extraordinaire dualité qui émane du modèle : une patience stoïque mêlée à une lueur d'amusement dans le regard, alors que son corps disparaît peu à peu sous les bandes de plâtre humides. Poser pour un moulage corporel est une épreuve bien plus complexe qu'une simple séance photo ; c'est un acte de confiance absolue envers l'artiste, un abandon de soi où la mobilité est sacrifiée au profit de la capture de l'instant. Cécile, assise, le dos droit, doit maîtriser chaque micro-mouvement, contrôler sa respiration pour ne pas briser la coque fragile qui est en train de naître sur sa peau, transformant sa chair vivante et chaude en une matrice inerte. On devine la sensation saisissante du matériau froid, le plâtre pourtant qui chauffe au séchage, qui vient épouser les courbes de sa poitrine, de son cou et de ses épaules, une seconde peau lourde et humide qui se rigidifie minute après minute, l'enfermant dans une étreinte calcaire. Sur les images, on perçoit cette métamorphose progressive : d'abord la peau nue, puis l'application méticuleuse des bandes par JAYM qui agit tel un sculpteur de l'éphémère, lissant la matière pour qu'elle n'oublie aucun détail, aucun grain de peau. Cécile devient alors une statue vivante, une figure mythologique à mi-chemin entre la femme et la matière, attendant la libération. Ce processus, loin d'être passif pour la muse, est une collaboration silencieuse et physique ; elle prête sa forme, son volume, son essence, acceptant d'être aveuglée par la matière ou contrainte dans ses mouvements pour que l'art puisse advenir. Son sourire, visible sur certaines photos malgré la contrainte du masque partiel ou du carcan thoracique, témoigne d'une complicité avec le créateur et d'une conscience aiguë de participer à la naissance de quelque chose qui la dépassera, une œuvre qui figera sa beauté organique dans la dureté implacable du béton.


La technique du moulage sur nature, ou "lifecasting", telle qu'elle est pratiquée ici par JAYM, est un art de la vérité crue qui s'inscrit dans une longue tradition allant des masques mortuaires romains aux audaces du pop art de George Segal, mais ici réinterprétée avec une modernité brute. Contrairement à la sculpture traditionnelle où l'artiste interprète et idéalise la forme, le moulage est une capture fidèle, presque scientifique, de la réalité anatomique à un instant T, ne laissant aucune place au mensonge ou à l'approximation. Le processus visible sur les photos n'est que la première étape d'une alchimie complexe : la création du négatif. Cette coque blanche qui emprisonne Cécile est destinée à être détruite ou ouverte pour libérer le modèle, laissant derrière elle une empreinte en creux, un vide qui attend d'être comblé. C'est là que le choix du matériau final par JAYM prend tout son sens artistique : le béton. Choisir le béton pour un buste féminin est une décision esthétique forte, créant un contraste saisissant entre la délicatesse naturelle des courbes de Cécile, la finesse de sa peau, et la rudesse industrielle, urbaine et grise du matériau de construction. Le béton ne pardonne pas ; il est lourd, permanent, et possède une texture qui accroche la lumière de manière radicalement différente du marbre ou du bronze. Le passage du moulage souple ou en plâtre (la matrice) au tirage en béton est une étape technique périlleuse qui requiert une maîtrise parfaite des temps de prise, des vibrations pour chasser les bulles d'air et du mélange pour assurer la solidité de l'œuvre finale. En figeant le corps de Cécile dans ce matériau de construction, JAYM opère une pétrification symbolique, transformant la fragilité de la vie humaine en un monument inaltérable. Le buste final ne sera pas seulement une représentation de Cécile, mais une archive tactile de sa présence dans l'atelier ce jour-là, gardant en mémoire la moindre chair de poule ou la tension d'un muscle, immortalisant la muse non pas comme une idéalisation éthérée, mais comme une présence tangible, forte et indestructible.