JAYM  plasticien
Graphiste /Photographe /Vidéaste

Sous la lumière crue et révélatrice du parc de Pourliat de Beaumont, Carole impose sa présence singulière, une silhouette immaculée se détachant sur le béton brut et les graffitis urbains qui tapissent les escaliers. Loin des standards rigides et artificiels des podiums classiques, elle incarne une beauté marginale, celle qui ne cherche pas l'approbation mais existe simplement, avec une authenticité désarmante capturée par l'objectif de l'artiste Jaym. Vêtue de cette longue robe blanche qui contraste violemment avec la dureté minérale du décor, elle semble être une apparition onirique, une créature éthérée qui a choisi ce coin de nature urbaine pour s'exprimer. Chaque cliché, qu'il soit baigné de la saturation des bleus du ciel ou dramatisé par le noir et blanc, témoigne de son rapport organique à l'environnement, transformant un simple escalier urbain en un théâtre où se joue une scène de liberté absolue, sans contraintes ni artifices superflus.

Ce qui frappe instantanément chez Carole, c'est cette aura de sérénité imperturbable, une « zénitude » profonde qui semble émaner de son expérience de maman et de sa maturité paisible. Même assise sur les marches froides ou allongée avec nonchalance contre un mur tagué, elle dégage une quiétude qui fait taire le tumulte de la ville environnante, créant une bulle de silence autour d'elle. Elle ne pose pas au sens strict du terme ; elle habite l'instant présent avec une plénitude rare, les yeux parfois clos ou le regard perdu vers l'horizon, comme connectée à une fréquence que seuls les esprits apaisés peuvent percevoir. Cette force tranquille est celle d'une femme qui a trouvé son ancrage, capable de rester de marbre face au chaos symbolisé par les tags anarchiques derrière elle, préférant puiser son énergie dans la chaleur du soleil et la brise légère qui traverse le parc.

Dans sa façon d'appréhender l'espace, Carole ne marche pas, elle semble littéralement virevolter à travers l'existence, une caractéristique que Jaym a su figer, notamment dans cette composition où elle apparaît démultipliée sur les marches. Cette légèreté n'est pas de l'insouciance, mais une philosophie de vie délibérée, une volonté de traverser les épreuves et les jours avec la grâce d'un papillon qui refuse de se laisser alourdir par la gravité du monde. Elle grimpe les échelons de la vie comme elle monte cet escalier : avec fluidité, sans effort apparent, portée par un amour inconditionnel pour la nature et le mouvement. Sa gestuelle est aérienne, ses cheveux captent le vent, et chaque mouvement de sa robe suggère une danse intérieure, une joie de vivre communicative qui transforme une simple promenade en une chorégraphie spontanée et vivante, célébrant la beauté de l'instant fugace.

Enfin, cette collaboration artistique révèle la complexité fascinante d'une muse moderne qui assume pleinement sa marginalité, refusant les cases pour n'écouter que son propre rythme intérieur. Les variations chromatiques des photos, oscillant entre la nostalgie intemporelle des nuances de gris et l'éclat vivant des couleurs d'été, soulignent les multiples facettes de sa personnalité : à la fois mélancolique et solaire, ancrée et volatile. Carole offre à la caméra bien plus qu'une image physique ; elle offre une atmosphère, un état d'esprit où la maternité et la féminité se fondent dans une harmonie naturelle. Elle est la preuve vivante que l'on peut être au cœur de la réalité urbaine tout en cultivant un jardin secret de paix intérieure, et ces images resteront le témoignage vibrant d'une femme qui a décidé de faire de sa vie une œuvre d'art, simple, sereine et résolument libre.