JAYM  plasticien
Graphiste /Photographe /Vidéaste

Au cœur de cet appartement de Clermont-Ferrand, l’espace se fait complice de l'art photographique de JAYM, offrant un écrin d’une pureté absolue. Le regard est immédiatement saisi par une magnifique cheminée centrale en bois sombre, dont le noir profond tranche radicalement avec les murs blancs immaculés qui l’entourent. De chaque côté, deux étagères enclavées dans le mur créent des alcôves d’une symétrie parfaite, instaurant une rigueur architecturale qui semble attendre d'être habitée. Au sol, le parquet arbore une teinte gris pierre de Volvic, un hommage chromatique à l'architecture volcanique de la ville, ancrant la scène dans une identité locale forte. Cette composition géométrique, presque clinique, est subtilement brisée par une plante verte dont les feuilles organiques apportent une touche de vie et de déséquilibre volontaire. C’est dans ce décor dépouillé que Camille et Anaïs ont choisi de s’exposer, utilisant le vide comme une toile pour exprimer leur puissance. L'absence de mobilier permet à chaque ligne de la pièce de résonner avec les courbes des corps, transformant un simple intérieur en un sanctuaire dédié à la beauté brute et à l’image authentique.

Camille, modèle aguerrie à l’énergie magnétique, occupe l'espace avec une aisance qui trahit une longue habitude de l'objectif. Son allure rock, jalonnée de tatouages qui sont autant de fragments d'histoires inscrits sur sa peau, apporte un contraste saisissant à la blancheur des alcôves. Derrière cette façade rebelle et cette identité visuelle forte, transparaît la profondeur d'une femme accomplie, dont la sensibilité maternelle nourrit chaque pose d'une dimension émotionnelle rare. Pour elle, le corps est une toile en perpétuelle évolution, une œuvre qu’elle confie aux photographes avec une confiance totale et sans artifices. Prothésiste ongulaire de métier, elle possède ce sens aigu du détail et de la précision qu'elle transpose dans sa gestuelle fluide. Devant la cheminée monumentale, elle dégage une sensualité subtile, capable de passer d'une allure sophistiquée à une présence plus marginale en un clin d'œil. Son regard, où se mêlent la douceur et la détermination, raconte une vie riche et vibrante, faisant d'elle bien plus qu'une muse : une narratrice silencieuse qui utilise sa propre silhouette pour écrire des poèmes visuels sous la lumière clermontoise.

Invitée par Camille à découvrir pour la première fois l'univers de la pose artistique, Anaïs s'est révélée sous l'objectif de JAYM comme une véritable force de la nature. Issue du monde du labeur et de la restauration, cette jeune blonde au regard d'acier aborde ce nouveau terrain avec une témérité qui frise l'insolence. Pour elle, l'appartement vide n'est pas un lieu de passage, mais un mur social de plus à escalader, une paroi qu'elle gravit sans jamais connaître le vertige. Son ascension vers une nouvelle classe sociale se reflète dans sa manière de dominer l'environnement : elle ne subit pas le cadre, elle l'investit. Chaque tatouage sur sa peau crie son refus de la procrastination et son urgence de vivre chaque seconde comme si c'était la dernière. Entre les murs blancs de la pièce, sa blondeur angélique contraste avec son tempérament volcanique et son ambition démesurée. Elle est l'ouvrière du destin qui, après avoir géré le feu des fourneaux, vient défier l'objectif avec une authenticité sauvage. Sa présence dans ce duo apporte une fraîcheur brute, celle d'une femme qui ne demande pas la permission d'exister et qui fonce vers sa destinée sans regarder en bas.

La rencontre entre Camille et Anaïs devant l'appareil crée une dynamique électrique, une synergie où la complicité remplace la pudeur. Ensemble, elles forment un binôme indissociable, jouant de leurs différences pour offrir des clichés d'une sensualité absolue et sans complexe. Il n'y a ici aucun artifice : juste la vérité de deux femmes qui assument pleinement qui elles sont. Camille, avec son expérience et sa fluidité, guide Anaïs dans cet éveil artistique, tandis qu'Anaïs apporte une énergie brute et une extraversion cachée qui ne recule devant aucune audace. Leurs corps tatoués se répondent, créant un dialogue visuel riche en textures et en contrastes sur le sol gris. Cette séance improvisée devient un espace de liberté totale où les barrières sociales et les jugements moraux s'effacent derrière la recherche esthétique. Elles posent pour offrir aux spectateurs le meilleur d'elles-mêmes, transformant leur intimité partagée en un spectacle de force et de grâce. Cette union fait d'elles des icônes de la modernité, capables d'explorer les relations physiques et émotionnelles avec une intrépidité déconcertante, faisant fi des conventions.

Ce shooting à Clermont-Ferrand est bien plus qu'une série de photos ; c'est le témoignage de deux vies qui refusent la tiédeur. Que ce soit Camille, jonglant entre sa vie de maman et sa passion créative, ou Anaïs, l'architecte de sa propre vie issue de la famille qui tien une boulangerie, les deux modèles partagent une même soif d'authenticité. Elles ne perdent pas de temps, conscientes que la vie n'offre qu'une seule chance de briller. Sous la direction de JAYM, l'appartement devient le théâtre d'une mise à nu psychologique où l'audace de caractère se confronte à la rigueur du décor. Les alcôves symétriques et la cheminée imperturbable servent de témoins à cette explosion de vitalité. En assumant leurs looks, leurs désirs et leurs ambitions, elles délivrent un message puissant : la beauté réside dans la vérité du parcours et la fierté de ses origines. Chaque cliché capturé dans cette lumière blanche est une victoire sur le conformisme, une célébration de la femme libre qui s'affranchit des plafonds de verre pour bâtir son propre empire. C’est cette dimension humaine, mêlée à une esthétique rock et raffinée, qui confère à cette collaboration une résonance éternelle.